Nous assurons un service de veille et fournissons des prestations de conseil stratégique et tactique en lobbying.DSC_0108

Nous organisons des programmes de contacts avec les décideurs et influenceurs dans les principaux domaines de la politique de l’Union.

Nous organisons des événements ciblés en direction des décideurs et des influenceurs.

Nous fournissons des services de formation.

 

Ce qui est aujourd’hui appelé le « lobbying européen » est la source de malentendus et d’idées reçues.

Disons quatre.

📞 Idée reçue n°1 : le lobbying européen, c’est l’affrontement de « l’industrie » et des institutions européennes.

Il vaudrait mieux, pour bien comprendre, appeler le lobbying par son nom européen : la représentation d’intérêts. Et ces intérêts sont nombreux et variés : il y a dans le quartier européen de Bruxelles des centaines d’entreprises, d’organisations professionnelles, d’organisations non gouvernementales, de collectivités, d’organisations du monde du travail, d’organisations du secteur public, de think tanks, et d’Etats tiers.

Pour chaque proposition législative, la structure des opposants – des plus radicaux au plus constructifs – et des partisans – des plus enthousiastes aux plus passifs – variera. Chaque sorte d’intérêt économique, social ou politique, va de facto argumenter aux côtés de toutes sortes d’autres intérêts à l’occasion d’une cause ou d’une autre, anecdotique ou stratégique, formant autant de coalitions de fait, variables et évolutives.

Au fond, le lobbying dans l’Union Européenne est le fait de chacun vers tous, étant entendu que le lobbying, c’est un travail d’influence, fondé sur une vision, alimentée par des informations claires et exactes. Un tel argumentaire doit être rationnel, compatible avec l’intérêt général européen et partagés aussi méthodiquement que possible avec tous ceux qui, directement ou indirectement, de près ou de loin, participent à la proposition puis à la décision.

📞 Idée reçue n°2 : la représentation d’intérêt en Europe est dominée par une vision britannique parce que le lobbying est l’essence de la culture anglo-saxonne.

Le lobbying est bien une pratique américaine, née au XIX siècle dans le cadre d’un Etat unitaire, où les intérêts économiques étaient libres de s’affronter d’une manière plutôt débridée. Il en va tout autrement dans l’Union Européenne, où, la représentation d’intérêt économique ou social ne peut être efficace que si elle respecte le fait que l’Union européenne n’est pas un simple projet économique avec ou contre lequel on peut faire flèche de tout bois, mais bien un projet politique de paix et de démocratie d’une Communauté d’Etats Nations auquel les intérêts particuliers sont subordonnés.

S’il est vrai qu’à Bruxelles les principaux cabinets de consultants sont aujourd’hui de culture britannique par leur style de travail, ils ont à cœur de travailler en équipes multiculturelles, à l’image de ce qui prévaut au sein des institutions européennes. La plupart des cabinets de consultants autres que britanniques travaillent d’ailleurs eux aussi « à l’anglaise ».

Pour autant, les Britanniques ne sont pas des lobbyistes dans l’âme. Ils s’y sont formés chez eux un peu plus tôt qu’ailleurs en Europe, dans le sillage des bouleversements thatchériens des années 1980, si bien qu’au moment du Marché Unique au tournant de 1990, ils étaient les mieux préparés pour participer à sa mise en place.

En pratique, les premiers clients des consultants britanniques autour de 1990 ont été des entreprises et organisations américaines, inquiètes de ce que le Marché Unique pût être une forteresse construite contre elles.

📞 Idée reçue n°3 : la représentation d’intérêt en Europe consiste à tuer une proposition qui déplaît.

Le lobbying hyper agressif est rare. C’est une mauvaise option, parce que contreproductive. Dès la première ligne du premier brouillon d’un administrateur à la Commission européenne, on peut être certain que l’idée se traduira un jour en décision politique, fût-ce après des années, voire des décennies.

Vouloir tuer une proposition nuit surtout à la réputation du tueur – or la réputation est le bien le plus précieux des lobbyiste, car la démarche sera perçue comme hostile à l’intérêt général européen, attitude rédhibitoire aux yeux de beaucoup d’acteurs de la Commission et du Parlement européen.

Les stratégies pertinentes seront donc plutôt de gagner du temps pour se préparer au changement, en compliquant un peu le débat, en négociant des aménagements, des délais, parfois des compensations politiques. La stratégie la plus sophistiquée sera pour un acteur économique de coopérer avec les institutions européennes en leur proposant des améliorations sur certains points, si bien que le projet final pourra se rapprocher de son propre modèle économique, et s’éloigner de celui des concurrents… Le lobbying, ou l’art de gagner des parts de marché.

📞 Idée reçue n°4 : la représentation d’intérêt en Europe est opaque dans son fonctionnement et dominée par l’argent.

La représentation d’intérêt en Europe fait en réalité partie intégrante du processus de décision européen ; la Commission en est demandeuse, à travers sa méthode de consultation publique ; les députés européens en voient aussi l’utilité comme source d’information – leur principale tâche étant ensuite, à l’instar d’un journaliste, de recouper leurs sources. Même les représentations permanentes des Etats membres à Bruxelles reçoivent les défenseurs d’intérêts économiques et sociaux qui ne sont pas forcément représentatifs des intérêts immédiats de leur pays, ne serait-ce que pour être au courant de ce qui se dit ailleurs.

Depuis quelques années, le représentation d’intérêt est encadrée : il existe un code de conduite, et surtout un registre de transparence, public, où tout acteur qui espère avoir de l’influence sur la politique européenne – entreprise, profession, ONG, université, communauté religieuse… doit se faire connaître, y compris en donnant des indications sur les moyens financiers utilisés. Ce registre va en se perfectionnant ; il contient aujourd’hui plus de 80% des acteurs de la représentation d’intérêts, et il est devenu obligatoire pour communiquer avec la Commission européenne, le Parlement européen, et dans une large mesure le Conseil de l’Union.

L’argent n’est pas en réalité la principale condition de réussite du lobbying. Une stratégie gagnante est une stratégie de respect – respect de la vérité, respect des personnes – et de méthode : agir au bon moment, auprès des personnes compétentes, avec les arguments pertinents.

La corruption est plutôt rare à Bruxelles aussi sans doute parce que la décision européenne est tellement collective qu’il est difficile de corrompre assez de monde pour parvenir à ses fins. La grande majorité des acteurs de la décision européenne, 40.000 personnes du côté des institutions, et 40.000 du côté des représentants d’intérêts, sont établis durablement à Bruxelles et tissent des liens familiaux, amicaux et sociaux. Il y a ainsi une communauté du quartier européen qui agit, non pas dans le sens de la connivence – car chacun veut garder son travail bien payé – mais dans le sens d’une gouvernance, informelle et collective.

Prétendre donc vouloir refouler le lobbying de la sphère politique européenne publique, ce serait risquer de favoriser l’émergence d’un lobbying occulte, fait de compromissions plutôt que de compromis. Le véritable défaut du système ne réside pas dans la réglementation du lobbying privé mais dans la réglementation du lobbying public, émanant tout particulièrement de certains États tiers, ainsi que l’a d’ailleurs illustré le récent scandale impliquant un État du Golfe Persique en 2022-2023.